jeudi

Quels âges avez-vous ?

[Hibernatus. Botox. Réincarnation. Adjani. Le Concorde. Carl Lewis...] 

J’ai rêvé une nuit que je tuais le temps. J’étais tout-puissant.


C’était pour moi une révélation obsédante : ce temps est une connerie, dont on ressort souvent perdant.
Selon les connaissances scientifiques actuelles, la planète s’est formée il y a environ 4,54 milliards d’années.
 Je m’assois, un peu essoufflé, quand j’essaie d’imaginer ce chiffre. 
Si l’histoire du monde était une journée, celle de l’humanité correspondrait à sa dernière seconde. 
Confiné dans cette seconde, pas étonnant que chacun se dispute le bout de gras pour en avoir sa part la plus large.

Une espérance de vie qui a plus que triplé en 200 ans (25 ans en 1700 contre à 82 ans en 2005), et nous qui nous y débattons comme des insectes sur un réverbère.

La chirurgie esthétique comptant plus de 350 000 opérations par an en France.
Ces moments nostalgiques où l’on se dit que “c’était vraiment mieux avant”.

Les Eurostar qui (on les adore) gagnent 15 minutes sur leurs trajets.
Ces Monoprix qui ferment à 22h, histoire de grignoter toujours plus sur ce temps inutile : dormir.


J’ai rêvé (encore, une autre nuit) que l’on pouvait dormir comme l’on dînerait entre amis ou irait au cinéma : un plaisir et non un besoin. Les français sont les plus gros dormeurs avec 530 minutes moyennes sous la couette, soit 8,8 heures. Tout ce temps regagné, ça laisse rêveur.
Et on est aussi parfois ces autres victimes collatérales : ceux qui en ont trop, qui le manient avec maladresse, qui le regardent s’écouler, dans leur sofa toute la journée, devant notre PSP ou Wii, au bas des tours ou encore à attendre que l’ange qui passe passe vraiment avec un traîneau de renouveau.

En fuyant, le temps embarrasse.

Alors ce temps, je l’aménage : à défaut d’être extensible, il sera agréable.

J’ai passé du temps ce week end à Villette Sonique. Du temps et de l’énergie dépensée utilement avec la découverte de 4 groupes incroyables : Ebony Bones, Duchess says, Mahjongg et Omar Souleyman. Et je remercie la ville de Paris (MERCI PARIS !) de proposer chaque année ce genre d’initiatives, gratuites, d’une incroyable qualité. Là, justement, des gens qui manquent de temps comme ceux qui en ont trop se sont emmêlés dans les beats successivement rock débridé, rock indéfinissable, rock barré et électro arabisante des 4 artistes.

Dimanche après-midi, j’avais 15 ans, avec ma bière, mes amis et mon short. 
Puis quelques heures plus tard, à la terrasse des Banquettes (excellent restau 3 rue de Prague / Métro Ledru Rollin), j’en avais 32 avec ces amis avec qui on a refait le match de notre vie passée. 
Et le lendemain, j’en avais 75 tellement c’était dur de me lever, courbaturé, mais 26 quand je me suis regardé dans le miroir, tellement j’étais ressourcé.

Alors quels âges a-t-on ? Ben plein finalement.


Youpie. Le temps n’a plus autant de prise sur moi.

À l’écoute : EBONY BONES • We know all about you

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